L’ouverture 2000 de la station de ski de Ghisoni
Une journée cauchemardesque
et des projets d’extension très inquiétants




Au mois de janvier1999, la petite station de Ghisoni faisait deux apparitions remarquées au  20 heures de France 2. Pour cet événement, les gérants du domaine avait sorti la panoplie des grands jours : chasse-neige et ratracks déployés, pistes parfaitement damées et grand professionnalisme de la montagne.
Malgré un contexte d’attentats et d’actions répressives , ces excellents reportages ont permis d’offrir un autre regard sur notre île. Malheureusement, la réalité est bien différente….

Samedi 22 janvier 2000, récit d’une ouverture mouvementée :

Dès les premiers lacets qui mènent à la station ( altitude 1000 mètres ) , la route gelée offre un spectacle peu réjouissant : des voitures en travers et d’autres dans le fossé. Quelques jours auparavant, un chasse-neige est bien passé mais la route n’a pas été salée.
Arrivée au parking de la station, un véhicule 4x4 est embourbée dans 50 centimètres de boue.
A la location du matériel, le personnel est sympa.. Petit bémol, les skis et les chaussures proposés datent pour la plupart des années 80. C’est sûrement du matériel de récupération  ( invendable ) ou jamais renouvelé. Comble du désespoir, compter 100,00 frs / jour pour l’ensemble skis-bâtons-chaussures, soit plus du double que le prix pratiqué à la station de Serre- Chevalier ! ! !
Originalité pour une journée d’ouverture, la cabane des forfaits ne dispose pas de monnaie. Il est donc indiqué aux skieurs de laisser leur nom et de récupérer, en fin d’après- midi, les sommes dues.

La micro station de Ghisoni dispose de trois remontées mécaniques et d’environ cinq pistes ( trois vertes et deux bleues ) .
Deux téléskis sont ouverts à des skieurs débutants ( compter 250 mètres de dénivelé ) et un autre plus court destiné aux enfants.
Malgré sa faible altitude, la station garde un enneigement correct du mois de décembre à la fin mars. Cette année, cela oscille entre une épaisseur allant de 30 à 80 centimètres.
Dès la première descente, on se rend bien compte que la sécurité laisse fortement à désirer….
Aucune piste n’a fait l’objet du moindre damage, l’essence des ratracks est-elle si chère ?
Pourtant les dernières neiges, qui dataient de 72 heures, permettaient de préparer convenablement les pistes. C’est dommage car les skieurs corses, en majorité des débutants, ne peuvent pas progresser dans la neige poudreuse. Pauvres enfants, il leur est réservé un véritable calvaire : une neige gelée accompagnée de grosse croûte ( un terrain de chars ) .
Evidemment, aucun effort n’a été entrepris pour baliser les pierres et les rochers souvent très dangereux dans ce massif.

Enfin arrive l’incident rocambolesque du jour, le téléski des petits s’écroule, oui, oui, s’écroule....
Dans une belle synchronisation, nos petits bambins et certains adultes ébahis se retrouvent allongés au sol avec pour seul compagnon le câble du remonte-pente. Plus de peur que de mal, tout le monde s’en sort sans égratignure mais l’inquiétude était bien visible sur le visage du perchman. Sans doute, craignait-il un possible retour du câble lesté ? En attendant, pour les enfants et les néophytes, le ski était déjà terminé à midi.
Le téléski, qui démarre du bas de la station, a apporté son lot d’originalité et d’insécurité.
Sa description : au milieu d’une forêt d’aulnes et de pins, 20 mètres de plat puis un grand pourcentage de montée jusqu’à son terme.
D’emblée, la perche fait bondir de trois mètres un skieur pesant 80 kilos, puis la force de traction est telle que ce dernier peut décoller à un mètre de hauteur. A présent, imaginez un enfant de dix ans…..
Sur ce téléski, les chutes se sont succédées toute la journée, environ une pour trois skieurs. Ces événements ont posé des problèmes de sécurité car les skieurs étaient obligés de contourner difficilement les obstacles entreposés, mais certains n’ont pu éviter le choc.
Par chance, ce jour là, les dix pompiers ( CSP Corte ) dépêchés sur les lieux, ne dénombreront aucun accident grave. Ouf !

A présent, se pose la question de savoir, comment cette station de ski a obtenu le feu vert de la très pointilleuse commission de sécurité ? Affaire à suivre…..

D’après de récentes informations, il semblerait que dans le cadre du contrat de plan, les élus   insulaires ( peu portés sur le ski ) accorderaient des aides pour une extension de la station.  Celles-ci permettraient de financer un télésiège qui relierait la station au lac de Bastani ( altitude de 2200 mètres ) . Le domaine skiable serait ainsi amélioré et il est indiqué que cette remontée mécanique fonctionnerait en période estivale. Même si sur le plan écologique, le projet est discutable, il est clair que celui-ci est une manne économique pour cette région montagnarde du Fium’orbu. Mais cette perspective, avec qui et comment?

Apparemment, la demande d’extension du domaine émane de l’actuelle équipe gérante, qui semble faire preuve de bricolage et d’improvisation ( voir le récit ci-dessus ) .
L’exploitation d’un télésiège est bien différente de celle d’un téléski et ne permet pas la moindre erreur de manipulation. Sérieux et professionnalisme semblent de rigueur pour une telle opération, n’oublions pas le récent drame du téléphérique du Dévoluy.
Autre souci : le hors-piste est envisagé par les porteurs de projet, on parle de free-ride.
Le Renosu est le massif insulaire le plus exposé aux départs d’avalanches.
La Corse dispose de guides de haute-montagne compétents et très expérimentés, mais il y aura toujours des personnes candides qui se seront tentés par le goût du risque.

Toutes les bonnes volontés sont à prendre, mais à quel prix ?