M. le Président
: Puisque vous avez évoqué cet événement,
comment expliquer que les renseignements généraux ne semblent
pas avoir eu d’informations sur l’affaire de Tralonca ?
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Nous ne pouvons malheureusement pas tout savoir.
M. le Président
: Les gendarmes, eux, semblaient en avoir.
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: S’ils en avaient eu, ils seraient intervenus.
M. le Président
: D’après toutes les informations qui nous ont été
données, certaines voitures ont été identifiées.
Je ne discute pas du chiffre, certains disent qu’il n’y avait pas six cents
personnes, c’est possible. A votre avis, en dehors des mannequins et des
femmes travesties, combien de personnes y ont participé ?
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Trois cents au grand maximum.
M. le Président
: C’est déjà beaucoup.
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Cela ne veut pas dire trois cents militants nationalistes présents.
M. Roland FRANCISCI :
Il y avait aussi des femmes et des enfants cagoulés.
M. Jean-Pierre BLAZY :
Et des figurants. Il y avait aussi des armes.
M. Roland FRANCISCI :
Très peu !
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Il y en avait.
M. Roland FRANCISCI :
Beaucoup étaient factices.
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Il y avait tout de même des armes assez inquiétantes,
des armes de guerre, dont beaucoup étaient inertes.
M. le Rapporteur :
Des tubes lance-roquettes.
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Oui, ainsi que quelques fusils d’assaut et quelques mitrailleuses
qui ne sont pas leur armement courant. Où se sont-ils procuré
ces armes et que sont-elles devenues ? C’est un grand mystère.
M. Jean-Pierre BLAZY :
Il fallait tout de même les transporter. Cela devait être visible.
M. le Rapporteur : A
l’époque, êtiez-vous concentré sur d’autres problèmes
?
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Nous étions concentrés sur d’autres problèmes
mais ous gardions tout de même un oeil sur celui-ci.
M. le Rapporteur :
Quelque chose vous a échappé.
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Nous ont échappé la date et l’heure mais nous savions
plus ou moins que quelque chose était dans l’air. Nous savions qu’il
y avait une justification puisque des pourparlers occultes avaient lieu.
Nous sentions qu’il allait se
passer quelque chose mais
nous n’en connaissions ni l’heure ni le lieu.
M. le Président
: Cela ne vous a donc pas étonné, le lendemain de la
conférence de presse de Tralonca, de lire dans les journaux un certain
nombre de revendications...
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: ... reprises par M. Debré.
M. le Président
: ... reprises par M. Debré le jour même ?
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: C’était la manifestation au grand jour de ce que pensait l’opinion
publique, à savoir que des tractations avaient lieu entre le gouvernement
et une certaine frange du Canal historique. Ce n’était pas tout
le Canal historique mais une partie du Canal historique, la frange santoniste.
M. le Rapporteur :
Ce n’était pas Pieri ?
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Non, d’après ce que nous savons et qui a été
confirmé par Santoni lui-même, si les négociations
ont capoté, c’est notamment à cause de Charles Pieri.
M. le Président
: On dit qu’à une époque un peu plus ancienne, sous le
gouvernement Balladur, de 1993 à 1995, un certain nombre de porteurs
de valise alimentaient des nationalistes au travers de réseaux,
notamment les réseaux Pasqua. Est-ce une réalité ou
est-ce, comme le dit M. Pasqua, un fantasme ?
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Ça…
M. le Président
: Vous auriez fait une brillante carrière si vous en aviez fait
partie.
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: S’ils avaient existé ! Professionnellement, je n’ai pas eu
la preuve de l’existence de ces réseaux. Je suis immergé
dans une société où tout se sait, tout se dit et où
il y a aussi beaucoup de fantasmes. Il est donc ridicule de nier que les
réseaux Pasqua ait eu une existence, au moins virtuelle. Je la connais
par la vox populi.
M. le Rapporteur : M.
Léandri, M. Massoni, ce sont des noms...
M. Jean-Pierre COLOMBANI
: Pour moi, ce sont des personnages que je ne connais pas.